Madame la ministre,
Le SATEV a pris acte des pistes de réforme que vous avez annoncées hier.
Le SATEV se réjouit de l’engagement que vous avez pris dans la « sanctuarisation » des montants investis par France Télévisions dans la création. Le service public est en effet le partenaire privilégié des agences de presse audiovisuelles dans la production des documentaires d’information et d’investigation, avec des cases comme « Envoyé spécial », « Pièces à conviction », « Complément d'enquête », « Cash investigation », « Les docs du dimanche » ou « Le monde en face ».
A ce titre, nous partageons avec vous et avec Delphine Ernotte, la conviction de la nécessité d’imaginer et de proposer de nouveaux formats et de nouvelles écritures. C’est la force du documentaire que de savoir évoluer, s’adapter aux attentes, déborder les genres, en un mot être créatif, pour trouver son public.
Le documentaire est un genre vivant, un genre caméléon qu’il est impossible de définir, et pour cause.
Nous sommes convaincus, comme vous-même, comme les diffuseurs et les producteurs, que c’est par l’innovation et sa perpétuelle invention que le documentaire continuera à performer auprès de tous les publics. Il reste toutefois à convaincre le CNC qui mène depuis quatre ans une politique tendant au contraire à le figer.
Mais pour continuer à inventer, à créer, il faut maintenir un tissu de producteurs indépendants. C’est par la diversité que la création est féconde et c’est par le pluralisme que l’information est la plus libre. En tant qu’agences de presse audiovisuelles, l’indépendance est au cœur de notre travail.
Madame la ministre, ne remettez pas en question l’indépendance des producteurs.
Enfin, nous ne pouvons que nous féliciter de la création sur le service public d’une plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles. Cet outil essentiel vient en complément des documentaires produits par les agences de presse, qui permettent de revenir à froid sur des événements passés en les analysant et éclairant les zones d’ombres qui subsistaient.
Nous continuerons d’œuvrer dans ce sens et participerons à vos côtés à toutes les initiatives pour favoriser l’éducation aux médias. C’est notre façon de participer à l’enjeu démocratique et citoyen qui se pose aujourd’hui pour contrer la prolifération des fake news et former le jeune public.
Nous restons à votre disposition et vous prions d’agréer, Madame la ministre, l’expression de notre haute considération.
Christian Gerin, Président
Paris, le 5 juin 2018