La Fédération Française des Agences de Presse proteste contre la perquisition opérée le 2 mars dernier dans les bureaux de l’agence de presse TAC PRESSE, par un magistrat venu de Fort-de-France, accompagné de cinq policiers, pour saisir les rushes ayant servi à la réalisation du reportage Les derniers maîtres de la Martinique diffusé le 30 janvier dernier sur Canal Plus, et dans lequel un béké tenait, face à la caméra, des propos racistes.
On ne compte plus les perquisitions effectuées au siège des entreprises de presse (L’Equipe, le Canard Enchaîné, ….), ou à celui des agences de presse pour exiger de leurs journalistes la remise de leurs rushes dans le cadre d’informations judiciaires : on se souvient de l’affaire Méry qui avait vu Arnaud Hamelin, Président de Sunset Presse, gardé à vue pendant 48 heures, son agence et son domicile perquisitionnés ; on se souvient de l’agence CAPA perquisitionnée en novembre 2007 pour son reportage sur l’Arche de Zoé…
La FFAP rappelle que les agences de presse et les journalistes ne sont pas des auxiliaires de justice ! La profession attend toujours le texte promis par le gouvernement relatif à la protection du secret des sources pour les journalistes, et sur lequel toutes les organisations professionnelles et notamment la FFAP, ont apporté leurs contributions. Une première lecture a déjà été effectuée par les deux assemblées, mais malheureusement, la poursuite de la procédure législative ne semble pas prioritaire... Pourtant, la France est régulièrement condamnée pour atteinte à la liberté de la presse par la Cour Européenne des Droits de l’Homme !
Les pressions sur les journalistes sont multiples et ne se bornent pas aux perquisitions. On l’a vu récemment avec les méthodes scandaleuses utilisées par la police à l’encontre de Vittorio de Filippis, et on le voit à nouveau avec la décision stupéfiante du Parquet de Toulouse de renvoyer devant le Tribunal Correctionnel la journaliste Isabelle Cottenceau, pour avoir, dans le cadre d’un reportage diffusé dans l’émission "Zone Interdite" le 8 octobre 2006, tourné des images d’un jeune homme, ayant décidé quelques semaines avant son 18ème anniversaire, de procéder à une "suspension" (pratique consistant à se faire suspendre par des points d’ancrage à même le corps). La journaliste qui collabore à l’agence de presse TAC PRESSE est poursuivie en qualité de complice !
Est-ce à dire qu’aujourd’hui tout journaliste qui filmerait des trafics quelconques pourrait être accusé de les avoir provoqués ? Que tout journaliste qui filmerait des violences urbaines, pourrait être accusé de les avoir incitées ? C’est oublier que le journaliste est le témoin de son temps et que ça plaise ou non, il a le devoir d’informer sur les faits et les évènements de son époque. Qui mieux que lui peut dénoncer les mille et une barbaries qui se perpétuent aux quatre coins du monde ? La FFAP apporte tout son soutien à Isabelle Cottenceau et attend sa relaxe dans les plus brefs délais. Il faut protéger les journalistes et empêcher ces interventions policières et judiciaires qui témoignent des pressions physiques et psychologiques que la police et les juges exercent sur notre profession. Dans quel but ?... Pousser les journalistes à l’autocensure ! Sans liberté de la presse, il n’y a pas de démocratie. La vigilance de chacun est le meilleur garant de cette liberté.